La déclaration de créance

Introduction à la déclaration de créance

La déclaration de créance est une procédure essentielle pour tout créancier souhaitant faire valoir ses droits lors d’une procédure collective. Déclarer une créance efficacement peut garantir la récupération d’une partie ou de la totalité des sommes qui vous sont dues. Dans ce guide pratique, nous vous expliquerons les étapes clés de cette procédure et vous donnerons des conseils d’experts pour maximiser vos chances de succès.

Qu’est-ce qu’une déclaration de créance ?

Avant de plonger dans le processus de déclaration de créance, il est important de comprendre ce qu’est exactement une créance. Une créance représente un droit, généralement financier, qu’un créancier détient sur un débiteur. Lorsqu’une entreprise ou un particulier fait l’objet d’une procédure collective (redressement ou liquidation judiciaire), les créanciers doivent déclarer leurs créances pour espérer être remboursés.

Définition et cadre juridique

La déclaration de créance est régie par les articles L622-24 et suivants du Code de commerce. Selon la loi française, lorsqu’une procédure collective est ouverte contre un débiteur, tous les créanciers doivent déclarer leurs créances pour être intégrés au passif et espérer recevoir une partie des actifs lors de la répartition.

Pourquoi déclarer une créance ?

Déclarer une créance n’est pas une simple formalité. C’est une étape incontournable pour :

1. Protéger vos droits : La déclaration de créance vous permet de faire valoir votre droit au remboursement des sommes dues. Sans cette déclaration, votre créance ne sera pas prise en compte dans le passif du débiteur.

2. Participer à la répartition des actifs : En déclarant votre créance, vous vous assurez d’être inclus dans la liste des créanciers qui auront droit à une part des actifs du débiteur, en fonction de la priorité de leurs créances.

Les conséquences de la non-déclaration

Il est crucial de respecter les délais et les procédures de la déclaration de créance. En cas de non-déclaration, vous perdez votre droit de réclamer la créance et donc d’être indemnisé. Selon l’article L622-26 du Code de commerce, les créanciers ayant omis de déclarer leurs créances pourront demander une admission tardive uniquement si cette omission n’est pas de leur fait.

Les spécificités des divers types de créances

Une créance peut revêtir différentes formes et certaines d’entre elles possèdent des caractéristiques particulières qui influencent la façon de les déclarer et de les traiter. Connaître ces spécificités peut grandement aider à optimiser la gestion de votre déclaration de créance.

Les créances salariales

Les créances salariales bénéficient d’un régime de faveur particulier en raison de leur nature sociale. En cas de procédure collective, les salaires impayés, les indemnités de licenciement et autres sommes dues aux employés sont souvent pris en charge par l’Association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés (AGS). Les salariés doivent déclarer leurs créances dans un délai plus court, souvent de deux mois, afin de bénéficier de cette garantie.

Les créances fiscales et sociales

Les créances auprès des administrations fiscales et sociales (impôts, cotisations sociales) bénéficient également d’un statut privilégié. Ces créances doivent suivre un traitement particulier et sont souvent considérées comme prioritaires lors de la répartition des actifs du débiteur.

Les créances garanties

Les créances garanties par des sûretés, telles que les hypothèques ou les gages, disposent d’une priorité de paiement. Il est crucial pour les créanciers bénéficiaires de telles garanties de bien documenter leur créance lors de la déclaration pour faire valoir cette priorité.

Les points à vérifier avant de déclarer une créance

Avant de déclarer une créance, il est important de procéder à certaines vérifications afin d’assurer la validité et l’exhaustivité de votre déclaration.

Vérification des pièces justificatives

Assurez-vous que toutes les pièces justificatives relatives à la créance sont en votre possession et sont à jour. Cela inclut :

  • Contrats et accords initiaux
  • Factures et bons de commande
  • Relevés des paiements partiels ou des intérêts
  • Correspondance attestant du principe et du montant de la créance

Vérification de la nature et du montant de la créance

Il est impératif de vérifier que le montant et la nature de la créance soient exacts et mis à jour. Une déclaration inexacte pourrait nuire à vos chances de recouvrement.

Les étapes de la déclaration de créance

Le processus de déclaration de créance se déroule en plusieurs étapes que nous allons détailler ci-dessous.

Identifier la procédure collective

La première étape consiste à identifier la procédure collective en cours. Il peut s’agir d’un redressement judiciaire, d’une sauvegarde ou d’une liquidation judiciaire. La procédure applicable déterminera les délais et les modalités de déclaration des créances.

Respecter les délais de déclaration

Les délais de déclaration des créances sont strictement encadrés par la loi. En général, les créanciers disposent de deux mois à compter de la publication du jugement d’ouverture au Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (BODACC) pour déclarer leurs créances. Pour les créanciers domiciliés hors de France métropolitaine, ce délai est porté à quatre mois.

Attention : Le respect de ce délai est primordial. Toute déclaration hors délai peut entraîner l’irrecevabilité de la créance, sauf exceptions prévues par la loi.

Rassembler les documents nécessaires

Pour que votre déclaration de créance soit complète et acceptée, il est essentiel de fournir tous les documents nécessaires. Voici une liste non exhaustive des pièces à fournir :

  • Un état détaillé des sommes dues par le débiteur, avec les pièces justificatives (factures, bons de commande, contrats, etc.)
  • L’identité et les coordonnées complètes du créancier
  • Les informations relatives à la nature et aux modalités de la créance (capital, intérêts échus, etc.)

Les rôles du mandataire judiciaire et du Juge-commissaire

Comprendre les rôles respectifs du mandataire judiciaire et du Juge-commissaire est essentiel pour savoir à quel interlocuteur s’adresser et pour connaître les procédures à suivre.

Le mandataire judiciaire

Le mandataire judiciaire est chargé de centraliser les déclarations de créance, de vérifier leur validité et de représenter les créanciers lors de la procédure collective. Il joue un rôle clé dans la gestion des actifs et la répartition des sommes recouvrées.

Le Juge-commissaire

Le Juge-commissaire supervise l’ensemble de la procédure collective et tranche les litiges relatifs à la vérification des créances. Il joue un rôle d’arbitrage et peut être sollicité en cas de contestation de créance par le mandataire judiciaire ou par le débiteur.

juge commissaire

Les recours en cas de rejet de votre déclaration

Votre déclaration de créance peut malheureusement être rejetée par le mandataire judiciaire. Dans ce cas, des recours existent pour défendre vos droits en tant que créancier.

La procédure d’opposition

En cas de rejet de votre créance, vous avez la possibilité de faire opposition par-devant le Juge-commissaire. Cette démarche doit être engagée dans le délai légal de 30 jours à compter de la notification du rejet. Il est conseillé de se faire assister par un avocat pour constituer un dossier solide et argumenté.

Les recours en appel

Si votre opposition est également rejetée par le Juge-commissaire, un recours en appel est possible. Cette démarche consiste à saisir la cour d’appel pour contester la décision. Il est impératif de bien préparer votre recours avec l’appui d’un avocat spécialisé en droit des procédures collectives pour maximiser vos chances de succès.

Conseils pratiques pour une déclaration de créance réussie

Pour maximiser vos chances de succès, il est recommandé de suivre quelques conseils pratiques :

1. Respectez scrupuleusement les délais : Le non-respect des délais de déclaration est la cause la plus fréquente de rejet.

2. Apprêtez un dossier complet : Fournissez toutes les pièces justificatives nécessaires et veillez à la clarté de votre déclaration.

3. Sollicitez un avocat : Un avocat spécialisé en droit des procédures collectives peut vous guider à travers les méandres administratifs et juridiques et vous aider à constituer un dossier inattaquable.

Recourir aux services d’un avocat

Faire appel à un avocat peut être déterminant pour la réussite de votre déclaration de créance. En plus de vous apporter une expertise juridique pointue, un avocat peut également :

  • Négocier avec le mandataire judiciaire
  • Représenter vos intérêts lors des réunions de créanciers
  • Déposer des recours en cas de contestation

Utiliser un logiciel de gestion de créances

Pour les entreprises traitant de nombreuses créances, l’utilisation d’un logiciel de gestion de créances peut grandement faciliter la tâche. Ces outils permettent :

  • Le suivi des échéances et des paiements
  • La centralisation des documents justificatifs
  • La génération automatique des déclarations de créances

Les erreurs fréquentes à éviter

Lorsque vous préparez votre déclaration de créance, certaines erreurs peuvent compromettre la validité de votre démarche. Voici quelques-unes des erreurs les plus courantes à éviter :

Erreur n°1 : Sous-estimer l’importance des justificatifs

Ne négligez pas la fourniture des pièces justificatives. Des documents insuffisants ou absents peuvent entraîner le rejet de votre créance.

Erreur n°2 : Mal interpréter les délais

Les délais légaux pour la déclaration de créance sont stricts et non prorogeables. Assurez-vous de bien comprendre et respecter les délais applicables à votre situation.

Erreur n°3 : Omettre des informations clés

Veillez à fournir toutes les informations nécessaires concernant la nature de la créance, les montants dus et les échéances. Une déclaration incomplète peut être invalidée.

Erreur n°4 : Ne pas suivre l’évolution de la procédure

Ne pas maintenir une communication régulière avec le mandataire judiciaire ou ignorer les mises à jour de la procédure peut vous faire manquer des informations cruciales, voire des opportunités d’optimiser votre recouvrement.

La rédaction et l’envoi de la déclaration de créance

Une fois les documents rassemblés, la déclaration de créance doit être rédigée avec soin et envoyée aux autorités compétentes.

Rédiger la déclaration de créance

Votre déclaration de créance doit comporter plusieurs éléments essentiels. En voici les principaux :

1. Identification du créancier : Mentionnez clairement votre nom, adresse et coordonnées.

2. Identification du débiteur : Indiquez le nom et les coordonnées du débiteur faisant l’objet de la procédure collective.

3. Détail de la créance : Décrivez en détail la nature de la créance, son montant et les échéances des paiements. N’oubliez pas de joindre les pièces justificatives.

Envoyer la déclaration de créance

La déclaration de créance doit être envoyée au mandataire judiciaire désigné dans le jugement d’ouverture de la procédure collective. L’envoi se fait généralement par courrier recommandé avec accusé de réception pour garantir la traçabilité et la preuve de l’envoi.

Suivi et gestion de la créance déclarée

Après avoir envoyé votre déclaration de créance, il est important de suivre l’évolution de la procédure collective et de rester en contact avec le mandataire judiciaire. C’est une étape cruciale pour s’assurer que votre créance est bien prise en compte et pour être informé des éventuelles distributions d’actifs.

Communication avec le mandataire judiciaire

Il est recommandé de maintenir une communication régulière avec le mandataire judiciaire pour obtenir des mises à jour concernant la procédure collective et l’état de votre créance.

Participer aux décisions collectives

En tant que créancier, vous aurez peut-être l’opportunité de participer aux décisions collectives concernant le plan de redressement ou de liquidation du débiteur. Votre voix peut influencer les décisions prises pour la répartition des actifs.

Les recours en cas de contestation de la créance

Dans certaines situations, votre créance peut être contestée par le mandataire judiciaire ou par le débiteur lui-même. Il est essentiel de comprendre vos recours pour défendre votre créance efficacement.

Réagir à une contestation

Si votre créance est contestée, vous recevrez une notification de rejet détaillant les motifs de cette contestation. Vous disposerez alors d’un délai de 30 jours pour faire valoir vos arguments et fournir des preuves supplémentaires si nécessaire.

Engager une procédure en cas de litige

En cas de désaccord persistant, il peut être nécessaire d’engager une procédure judiciaire pour faire reconnaître votre créance. Un avocat expert en droit des procédures collectives pourra vous assister dans ces démarches et maximiser vos chances de succès.

Conclusion

La déclaration de créance est une étape incontournable pour tout créancier dans le cadre d’une procédure collective. En suivant méthodiquement les étapes de ce guide pratique et en respectant scrupuleusement les délais et les formalités, vous augmentez significativement vos chances de voir votre créance acceptée et remboursée. N’oubliez pas, l’accompagnement par un avocat spécialisé peut souvent s’avérer déterminant pour sécuriser vos démarches et défendre efficacement vos intérêts.

Pour approfondir ce sujet ou pour toute question spécifique, n’hésitez pas à consulter un avocat expert en procédures collectives.

Maitre Julien Lemaitre

Avocat au barreau de Rennes depuis l’année 2013, Julien Lemaitre exerce le droit des affaires, en qualité de conseil, au bénéfice d’entreprises et de particuliers.

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